Journée internationale des migrant·es : l’Europe et la France sont déjà en guerre contre les pauvres qui s’expatrient

Militant·es, immigré·es, enfants d’immigré·es, descendant·es de tirailleurs, voisin·es, collègues, nous soutenons l’appel de nos camarades sanspapiers et mineur·es isolé·es à faire du 18 décembre une « journée sans nous : si on s’arrête, tout s’arrête ! ».

En 20 ans, la panique morale d’une submersion migratoire en Europe a fait exploser le budget de Frontex, l’agence de contrôle et de surveillance aux frontières extérieures terrestres, maritimes et aériennes de l’Union Européenne. Multiplié par 150 depuis sa création, il est passé de 6 millions d’euros pour sa première année en 2005, à 922 millions en 2024. Les États qui ont réussi à débloquer 800 milliards d’euros pour « réarmer l’Europe » alors qu’ils prétendent ne pas avoir les moyens d’accueillir dignement les exilé·es, tentent en vain de masquer la réalité : l’Europe et la France sont déjà en guerre, notamment contre les pauvres qui s’expatrient.

Frontex n’est autre que le bras armé de leurs fantasmes sécuritaires. Malgré la traque et les refoulements illégaux de migrant·es de plus en plus meurtriers, ses prérogatives ont été élargies : renseignement, négociation, lobbying… Dotée d’une « réserve de réaction rapide », Frontex peut déployer des garde-côtes et des garde-frontières vêtus d’un uniforme aux couleurs européennes et bénéficiant du port d’armes. En 2024, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a affirmé vouloir tripler les effectifs à 30 000. Ils n’étaient que de 750 en 2019.

Pour empêcher les départs et organiser les expulsions, le gouvernement français et l’Europe coopèrent avec des régimes répressifs et violents, leur allouant une aide financière et des moyens policiers et militaires. La mise en débat de l’accueil des migrant·es en termes de menaces existentielles ou purement utilitaristes est un héritage colonial : elle normalise une fixation sur les populations non blanches et musulmanes, qui viennent souvent des pays qui ont été colonisés ou déstabilisés par les interventions militaires de la France et dont la situation économique est étroitement dépendante de la politique française. La France, qui compte donc parmi les plus grandes menaces pour les peuples en tant que 2e exportateur d’armes au monde, s’octroie le droit d’entraver la liberté fondamentale de circulation.

C’est bien la violence de l’État qui gonfle la facture publique : procédures administratives lourdes, expulsions, centres de rétention administrative (CRA) – dont la durée maximale de rétention vient d’être étendue de 90 à 210 jours -, dispositifs policiers et judiciaires… Le véritable opportunisme capitaliste à l’œuvreest passé sous silence.Au-delà de celles qui profitent d’une exploitation à moindre coût des travailleur·euses sans-papiers, plusieurs types d’entreprises profitent de la guerre menée par les États contre les exilé·es : les entreprises du BTP qui érigent des murs physiques, les vendeurs de caméras et de capteurs en tous genres qui en assurent la surveillance, les fabricants d’armes qui fournissent drones, bateaux et hélicoptères pour empêcher les embarcations d’accoster, les entreprises d’informatique qui développent et entretiennent les logiciels de fichage et de surveillance… Parmi les principaux profiteurs de ce système, on peut citer les vendeurs d’armes Thales, Leonardo et Airbus, qui jouent un rôle crucial dans la militarisation des frontières de l’Europe.

L’entretien et la criminalisation des « sanspapiers » ou « clandestins » se base sur une identité nationale fantasmée, guidée par la nostalgie de l’Empire colonial français et l’islamophobie. Cette guerre contre les migrant·es n’est pas une dérive : c’est un symptôme du colonialisme, du racisme et de l’impérialisme que nous devons toutes et tous combattre. 

Guerre à la guerre, guerre aux frontières !

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