
L’année 2025 a été marquée par une accélération militariste. Des mots d’ordres guerriers répétés en boucle par nos dirigeants tout au long de l’année, aux budgets d’austérité pour financer la militarisation, en passant par l’augmentation du nombre de recrutements de l’armée dans toute l’Europe ou presque(1), il ne s’est pas passé un instant sans que nos gouvernants ne nous fassent courir vers la guerre.
Alors qu’ils n’ont jamais cessé de s’enrichir et de se partager le monde par le biais de guerres et de génocides bien réels en Palestine, au Soudan, au Congo ou encore en Ukraine, les puissants doivent aussi continuer de mettre leurs propres populations au pas.
Dès janvier, le patron de la gendarmerie poussait ses troupes à envisager « sérieusement » la possibilité d’un conflit armé. En mars, alors que le président du Medef poussait pour une retraite à 70 ans pour financer l’effort de guerre, le ministre Jean-Noël Barrot déclarait que « le réarmement commence dès l’école ». En juillet, Macron déclarait qu’il nous fallait d’urgence « durcir nos forces et la nation tout entière » pour le « salut de la patrie ». À l’hôpital, à l’école, dans les universités, jamais la promotion de la guerre n’a été aussi présente(2), par le biais de « manuels de survie », de guides pour « acculturer les jeunes à La Défense »(3) ou même de partenariats directs avec l’armée(4).
Ces annonces n’ont pas été seulement idéologiques : le budget Bayrou en juin et le budget Lecornu répètent la même politique d’explosion des budgets militaires au détriment du reste. En 2026, le budget de l’armée dépassera officiellement celui de l’éducation nationale comme première dépense de l’État. Cet argent suffira sans doute à financer le nouveau « service militaire volontaire « (5), lancé après l’échec du SNU pour trouver une manière détournée d’engager davantage de militaires et de réservistes.
Le capitalisme,en criseà l’échelle mondiale, veut nous entraîner dans sa chute : la guerre est sa seule solution pour se régénérer. Alors que les États-Unis exigeaient l’augmentation des budgets de guerre des pays membres de l’OTAN, la commission européenne annonçait dès le mois de mars 800 milliards d’euros pour « réarmer l’Europe ». En Belgique, en France, c’est aussi au nom de l’indépendance de l’Europe qu’on annonce accélérer l’augmentation déjà programmée des budgets militaires, pendant que l’Allemagne cherche à faire pivoter son économie vers l’armement en débloquant 1000 milliards d’euros pour la « défense » sous toutes ses formes.
Du ministre allemand Boris Pistorius qui parle du « dernier été de paix » à la préconisation du comité militaire Dragone de privilégier une « approche plus agressive », pour finir en beauté sur le chef d’État Major Fabien Mandon intimant aux maires (et aux Français·es) d’accepter « de perdre nos enfants », tous semblent aller de concert pour pousser les classes populaires à s’entretuer.
Malgré cette pression écrasante, certain·es ont commencé à se soulever. Des travailleur·ses ont réagi pour refuser la complicité avec le génocide colonial à Gaza, en faisant grève à STMicroelectronics à Grenoble le 10 avril(6), en refusant de transporter des armes (7) dans les ports de Tanger, Gênes, Fos-sur-mer et du Havre en avril, juin et décembre, et en se mobilisant contre l’envoi d’armes à l’aéroport de Roissy début octobre(8).
En France, les salons de l’armement ont rencontré une résistance qu’ils n’avaient pas connu depuis longtemps(9). En juin, des milliers de personnes se sont mobilisées en Seine-Saint-Denis contre le salon du Bourget à l’appel de la coalition Guerre à la Guerre. Mais ailleurs, avant et après, ce sont également le salon Milipol à Villepinte, le salon du drone à Bordeaux et la journée « mer et défense » à Toulon qui étaient perturbés par des actions et des rassemblements.
Les marchands de mort complices du génocide en Palestine ont eux aussi été pris pour cible : en mars, l’usine de Teledyne e2v était désarmée à Grenoble en parallèle de la manifestation contre les fabricants de puces électroniques(10). Se joignant aux AG de blocages de septembre et octobre, des centaines de personnes ont bloqué l’usine Eurolinks à Marseille(11), qui continue de livrer des maillons de munitions à Israël, tandis que le siège de Thales SIX GTS, qui lui fournit des composants de drones, était également bloqué à Gennevilliers(12).
Durant les journées de mobilisation du 10 septembre et au-delà, dans les lycées et l’enseignement supérieur(13), contre les forums de recrutement pour l’armée de France-Travail(14), parmi les travailleur·ses de la santé et du social(15), des blocages et des manifestations ont dénoncé l’embrigadement de la jeunesse et les coupes budgétaires au service de la militarisation. La contestation est allée jusqu’à faire tomber le gouvernement Bayrou en septembre pour son projet de budget d’austérité militaire.
En Europe, la lutte antimilitariste a repris de plus belle! En témoignent les millions de personnes mobilisées contre le génocide à Gaza partout, mais aussi les actions plus directes de blocage du port de Rotterdam en octobre(16), les usines bloquées partout en Belgique en juin et en octobre(17), la mobilisation « Krieg dem Kriege » pour désarmer Rheinmetall en Allemagne fin août(18), et bien d’autres encore. Au Royaume-Uni, des militant·es de Palestine Action ont aspergé de peinture des avions de la Royal Air Force sur une base militaire, et le réseau continue de résister malgré sa proscription en juillet et une longue grève de la faim(19). Les 50 000 étudiant·es qui ont manifesté en décembre en Allemagne pour dire non au service militaire(20) ont montré que personne ne souhaite se battre pour garantir les profits de ceux qui nous gouvernent. En Belgique, 3 jours de grève générale contre « l’austérité et le réarmement » fin novembre ont établi un rapport de force. Enfin le mouvement italien « Blocchiamo Tutto » fin septembre et toutes ses ramifications(21) ont mis en avant le lien fort entre austérité, génocide, et militarisme, et a redonné des couleurs à l’antimilitarisme européen.
En 2026, on ne s’arrête pas !
Alors que le budget de la défense continue d’augmenter, que les profits des marchands d’armes continuent de grimper et que nos gouvernants veulent militariser la société, nous continuerons de lutter. Il est de notre devoir de dire non, de construire un rapport de force et de lier nos combats contre le militarisme sous toutes ses formes. À nous de réussir à faire front pour élargir les brèches déjà entrouvertes !
Rejoignez le mouvement : multiplions les initiatives anti-guerre, diffusons des contre-discours sur tous les supports, imaginons des actions contre l’industrie de l’armement près de chez nous !
La coalition Guerre à la Guerre regroupe des collectifs et des personnes qui s’organisent pour désarmer le militarisme depuis leurs propres luttes. Pour faire face à la répression, pour poursuivre et amplifier ses actions, pour être en mesure de lutter contre la vague qui s’abat sur nos vies, Guerre à la guerre a besoin de votre soutien :
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NOTES
1) 31 novembre 2025, Suisse, tentative d’élargissement du service obligatoire aux femmes
3)
- Guide: « acculturer les jeunes à La Défense », tableau de synthèse des différents dispositifs p18
- Appel à boycotter le Passeport Du Civisme d’extrême droite
4) Juillet 2023, Partenariats entre Sciences Po et l’armée
5) Réalités du Service National Volontaire
6) 10 avril 2025, Crolls, Isère, grève à STMicroelectronics contre l’armement du génocide
7)
- Les travailleur·ses refusent de transporter les cargaisons d’armes aux ports de Tanger
- Gênes, lutte continue des dockers entre refus de charger les cargaisons d’armes et une rencontre internationale des dockers contre la guerre, notamment avec le syndicat USB @unionesindacaledibase
8) 25 octobre 2025, aéroport Roissy Charles DeGaulle, mobilisation inter-syndicale contre l’envoi d’armes, appel et vidéo:
9)
- 15 octobre, Bordeaux, communiqué de l’action contre le Salon du Drone
10)
11) 10 septembre et 2 octobre 2025, Marseille, blocage de l’usine Eurolinks complice du génocide en Palestine
12) 2 octobre, Genevilliers, siège de Thales SIX GTS bloqué par des banderoles et vélos
13 ) Lycées et enseignement superieur contre la militarisation et l’armement
- 9 décembre 2025, Paris, cité scolaire Voltaire 75011, l’intersyndicale appelle à refuser la formation des professeurs par Thales, et à la suppression du guide ´Acculturer les jeunes à La Défense’
15) travailleur·ses de la santé et du social
16) 11 octobre, port de Rotterdam, blocage
17)
18) Août 2025, Allemagne, camp antimilitariste « Krieg dem Kriege » pour désarmer Rheinmetall
@rheinmetallentwaffnen

