La coalition Guerre à la guerre rejoint la campagne f.Lotta

La coalition Guerre à la guerre rejoint la campagne f.Lotta pour porter une voix antimilitariste en mer. Nous sommes une coalition d’organisations et d’individus qui partagent l’urgence d’agir contre la guerre et le militarisme. Un génocide colonial a lieu sous nos yeux, la perspective d’un conflit mondial menace et le «réarmement» et l’économie de guerre sont à l’ordre du jour de tous les gouvernements mondiaux. S’organiser pour enrayer la machine guerrière est une nécessité.  

De nombreux collectif se sont rassemblés avec un but clair, faire la Guerre à la Guerre

La Méditerranée, illustration du lien entre guerre et frontières. 

La guerre provoque l’exil

La guerre est l’une des raisons les plus importante de l’exil : c’est la guerre qui souvent provoque le départ, déplace les populations, tue, menace. Guerres souvent provoquées par les États mêmes qui arment leurs frontières. Chaque intervention occidentale en Libye, en Irak, en Afghanistan, au Sahel, chaque conflit provoqué pour sauvegarder des intérêts impérialistes produit son lot de morts, d’instabilité, et de personnes exilées. 

La frontière comme outil de contrôle impérial

Méditerranée (orientale, centrale et occidentale), route des Balkans, frontière Biélorussie – Pologne, les dispositifs policiers et militaires aux frontières de l’Europe se multiplient et se font toujours plus meurtriers. Loin de s’arrêter aux limites géographiques, cette violence des frontières se globalise. A l’externalisation du contrôle de la migration, pratique criminelle des gouvernements européens, s’ajoute une précarisation structurelle des personnes exilées ainsi qu’un système carcéral, d’expulsion et de déportation – dans les pays qui se prétendent accueillants. 

La frontière, depuis l’Europe impérialiste, n’est pas une voie vers l’affirmation politique mais un outil de répression, de légitimation de la violence de l’Etat, et d’exploitation du Sud global par les pays du Nord. Elle est un rouage fondamental de la puissance armée et de l’idéologie xénophobe qui sont à la base du processus de militarisation que nous dénonçons. 

La Méditerranée est le lieu d’une violence militarisée. 

Le contrôle exercé par les Etats pour savoir qui a cette liberté de mouvement s’appuie sur un arsenal répressif et militaire important. Le prétendu « contrôle des frontières » signifie en fait la construction d’une forteresse meurtrière, au sein de laquelle le contrôle de la Méditerranée joue un rôle central. Selon les chiffres officiels, plus de 60 000 personnes sont mortes ou portées disparues en Méditerranée entre 2014 et 2023.

Nous luttons contre la militarisation de cet espace méditerranéen, où flottent portes-avions et troupes et où circulent le carburant militaire, les armes, comme le montrent les enquêtes dévoilant les complicités génocidaires d’entreprises comme Maersk ou la Valero Oil Company – tout en empêchant la circulation des êtres humains. 

Les opérations SOPHIA ou IRINI censées répondre à la « crise migratoire » sont des opérations militaires, lancées par les forces navales européennes ayant le mandat de détruire, ou de rendre « inopérant » les navires transportant des exilés. L’usage d’avions, de drones, mais aussi évidemment d’hommes montre que loin d’être animée par de bons sentiments, l’Union Européenne considère les humains qui cherchent refuge en Europe comme des ennemis. 

La lutte pour la liberté de mouvement est intrinsèquement liée à celle contre la guerre. Nous nous élevons contre la militarisation et  les frontières, contre la construction d’une forteresse conçue pour rejeter les personnes exilées qui fuient des conflits dont l’Europe est l’une des causes. 

Contre cette dynamique, nous nous sommes mobilisées à Toulon contre la tenue de la journée « Mer&Défense » qui promouvait la « dronisation de l’espace méditerranéen ». Le 14 juillet, à Paris et ailleurs, nous avons participé aux initiatives qui construisaient un « contre 14 juillet » internationaliste et antiraciste. 

La violence aux frontières, nouvelle « opportunité » pour le business des armes.

La coalition Guerre à Guerre s’est d’abord construite en opposition au complexe militaro-industriel français, c’est-à-dire au commerce de mort que nos gouvernants nous présentent comme une nécessité. 

Le capitalisme européen s’enrichit sur les conflits qui provoquent l’exil.

Les innombrables conflits qui constituent les principales raison de l’exil représentent, aux yeux du secteur de l’armement, autant d’opportunités économiques. Les entreprises françaises et européennes offrent leurs services aux plus offrants, alimentant par là ces conflits, comme le montre l’exemple des entreprises Thalès, Dassault et MBDA, complices de crimes de guerre au Yemen, Lacroix Défense et KNDS, dont les armes sont utilisées au Soudan ; ou encore ST Microelectronics et Eurolinks exportant vers Israël. Convergence des intérêts franco-européens, les moyens militaires alloués pour mener la guerre « contre le terrorisme » au Sahel ont été opportunément dévoyés pour le « contrôle des flux migratoires » au Niger et au Tchad.

La militarisation de la Méditerranée permet aux marchands d’armes de s’enrichir…

Dans l’espace méditerranéen, la collusion entre l’État et le capital est tristement visible. En effet, le business des frontières ne cesse d’être lucratif pour les entreprises de l’armement ou de la surveillance. Frontex, Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes créée officiellement en 2004, a vu ses moyens budgétaires et humains exploser en quelques années (de 6 à 900 millions de budget annuel). De nombreuses entreprises ont bénéficié d’un flot constant de financement de la part de l’UE, en particulier le Fonds pour les frontières extérieures (1,7 milliard d’euros, 2007-2013) et le Fonds pour la sécurité intérieure- Frontières (2,76 milliards d’euros, 2014- 2020).

… Et ils comptent bien continuer 

Les leaders de l’industrie de l’armement collaborent de manière structurelle avec les gouvernements, infiltrant de nombreuses arènes décisionnaires, que ce soit les politiques de frontières européennes ou étatiques, comme l’ont démontré les Frontex Files, qui attestent de rencontres hors de toutes les règles de transparence entre Frontex et les PDG d’Atos, Thalès, Airbus, et bien d’autres. Cette alliance, qui consacre la fusion entre les intérêts de la droite et de l’extrême droite et ceux du capitalisme guerrier, doit nous alerter : cette violence en Méditerranée forme une partie d’un continuum qui va jusqu’en Palestine, comme s’en vante même Frontex.

Nous nous sommes déjà mobilisées contre ce business de la guerre, en rassemblant plusieurs milliers de personnes au Bourget, le 21 juin 2025, pour protester contre le commerce des armes.

Que portons-nous au sein de f.Lotta ? 

Nous souhaitons montrer avec force que les souffrances des personnes exilées sont causées par une certaine organisation de l’espace mondial, provoquée par des forces impérialistes qui suivent leurs intérêts. Nous voulons nous opposer à la militarisation de l’espace méditerranéen, permise par une déshumanisation raciste des êtres humains déplacés. Il est urgent de rappeler que loin d’être un havre de paix qu’il faudrait défendre, l’Europe est complice de la guerre et de la destruction qui a lieu dans les pays du Sud global. Enfin, nous devons mettre au cœur de nos luttes l’opposition à l’impérialisme occidental, et à l’ordre néocolonial qui provoque la guerre et l’exil.