
La veille du défilé militaire du 14 juillet, Emmanuel Macron a prononcé un nouveau discours aux armées aux accents dramatiques et guerriers. Après avoir longuement peint le nébuleux tableau d’un « monde dangereux et incertain », d’une France entourée de menaces multiples et obscures, il a exposé les solutions proposées : « Pour être libre dans ce monde, il faut être craint, pour être craint il faut être puissant ». Nous devrions nous préparer, en France, à « résister à un conflit de haute intensité sur le sol européen dans les 3 à 4 années qui viennent ». Autrement dit : nous préparer à faire la guerre, à court terme. « Le salut de la patrie suppose que nous dépensions plus pour notre défense », et ça va nous coûter cher.
Pour le « salut de la patrie », il va falloir accélérer la course à l’armement, augmenter le stock de munitions, de drones, de missiles, d’équipements de guerre électronique et spatiale, mais aussi accélérer la militarisation de la société française, recruter plus de soldats, plus de réservistes, plus de jeunes, augmenter le salaire des militaires et globalement « durcir nos forces et la nation tout entière ».
Il va donc falloir augmenter les budgets militaires encore plus vite que prévu. Ils devaient déjà être de 53.7 milliards d’euros en 2026 et de 56.9 en 2027. Macron propose une rallonge de 3,5 milliards l’année prochaine, et de 3 milliards de plus en 2027. Macron se félicite ainsi d’avoir fait passer ce budget de 32 milliards d’euros en 2017, à 64 milliards en 2027. En 10 ans, Macron aura doublé le budget annuel consacré à la guerre.
Travailler plus pour bombarder plus
Le 15 juillet, François Bayrou a lui aussi pris la parole pour évoquer les nombreux dangers qui menaceraient la France. A la menace Russe, s’ajoute le « danger mortel » de la dette. « Notre pronostic vital comme État est engagé », « malédiction sans issue », « danger gravissime »… Encore une fois, il s’agit de susciter la peur, pour ensuitedétailler une longue liste d’attaques contre l’ensemble de la population, visant à financer l’effort de guerre : coupes budgétaires dans tous les ministères (sauf évidemment celui des armées), non remplacement d’un fonctionnaire sur 3 partant à la retraite, flicage accru des plus vulnérables, des pauvres et des malades, instauration d’une « année blanche » en 2026, sans augmentation des salaires des fonctionnaires, des retraites et des allocations, ce qui revient à une baisse de ces prestations au regard de l’inflation… Le gouvernement annonce en fait une guerre de classe qui permettra la guerre ailleurs.
Mais limiter toutes les dépenses autres que celles de l’armée ne suffit pas : « Il faut que toute la nation travaille plus », notamment grâce à la suppression de deux jours fériés, dont le 8 mai qui célèbre la fin régime nazi et de la Seconde Guerre Mondiale sur le continent européen. Et il faut produire plus, toujours plus, notamment des armes. Le droit du travail doit être réformé pour faciliter la vie des patrons et nous rendre plus facilement corvéables à merci. Bayrou a fini son discours sur un air jovial : tout ceci n’est qu’un « préambule d’un ensemble de réformes de fond ».
Face à l’effort de guerre : Riposte populaire
Face à la propagande de Macron et Bayrou, il est bon de rappeler que la France, loin d’être un petit pays vulnérable et désarmé sur la scène internationale, est la première puissance militaire européenne, le deuxième exportateur d’armes au monde, un des soutiens et des complices du génocide en Palestine. Il est bon aussi de rappeler que la course à l’armement n’a jamais garanti la paix, et que les efforts de « défense » n’ont jamais fait qu’hâter l’arrivée des conflits.
Que ce monde dangereux, instable et menaçant qu’ils nous décrivent, c’est celui que les impérialistes et les milliardaires ont eux-mêmes créé, celui qui ne profite qu’aux vendeurs d’armes et aux puissants. Que la guerre prochaine qu’on nous annonce est déjà le quotidien des peuples opprimés de par le monde, et que c’est contre les luttes de libération, les quartiers populaires et les mouvements sociaux que les dominants se défendent en premier lieu.
Alors que Macron et son monde applaudissaient la parade militaire grotesque du 14 juillet, nous étions des milliers à manifester à Paris lors d’un défilé internationaliste contre la guerre et les frontières, et à Marseille contre le militarisme et l’entreprise Eurolinks complice du génocide en Palestine.
Alors que les vendeurs d’armes et les dirigeants impérialistes se retrouvaient au Bourget sous le vol des avions de guerre, nous étions à deux pas plusieurs milliers à manifester , réfléchir ensemble et tisser des alliances contre leurs guerres.
Alors que Macron prétend « offrir un débouché » à la supposée « formidable envie d’engagement et de réalisation qui anime notre jeunesse » par l’armée, cette même jeunesse est plus que jamais engagée contre les guerres coloniales et pour la justice sociale.
Alors que Macron affirme vouloir par toutes ces mesures « défendre notre liberté », nous répondons que seules nos luttes anticolonialistes, anti-impérialistes et antimilitaristes nous libèreront, et qu’aucun·e d’entre nous n’est libre tant que nous ne le somme pas tous·tes.
Le budget annoncé par Bayrou, véritable déclaration de guerre sociale, sera discuté à la rentrée. À
nous d’assumer à notre tour ce conflit et de nous mobiliser contre la fuite en avant militariste, raciste et antisociale proposée par le gouvernement.
Pour empêcher cette tendance militariste, des prises concrètes existent. Il nous faudra intensifier le combat mené jusque là.
- Partout, multiplions les assemblées anti-militariste comme à Paris, Toulouse, Saint-Etienne, pour nous défendre contre leur propagande et leurs attaques ! Partout organisons-nous, structurons nous, renforçons notre camp !
- Fédérons nos efforts et enquêtons près de chez nous pour cartographier l’industrie de la mort comme cela à été fait à Bordeaux ou Toulouse ou en lien avec le Génocide à Gaza
- Partout, et plus que jamais, passons à l’action : guerre à la guerre !