
Du 18 au 21 novembre se tiendra au parc des expositions de Villepinte la 24e édition du salon Milipol, « salon de la sécurité intérieure des États ». Dans ce salon piloté par le consortium public-privé Civipol et organisé par Comexposium, entreprise d’évènementiel qui organise également la Foire de Paris ou le Salon de l’agriculture, ce ne sont pas du vin et des vaches qui sont exposés, consommés et commercialisés, mais des technologies de contrôle et de répression.
Emblématique de la guerre que mènent les États contre leurs peuples partout dans le monde, Milipol est aussi le lieu de sa marchandisation. Dans ses allées, entre le champagne et les petits fours, sont exposées et vendues les « armes à létalité réduite » qui tirent dans le tas, mutilent et tuent dans les quartiers populaires, dans les soulèvements contre la vie chère ou le néocolonialisme et jusque dans les manifestations syndicales ou écologistes. On peut y admirer les drones, les caméras thermiques et les capteurs qui assurent la traque des exilé·es et la militarisation des frontières. On y découvre encore les dernières innovations en matière de surveillance, de reconnaissance faciale, d’identification des « menaces » par intelligence artificielle, qui sous couvert de lutte contre le terrorisme participent au fichage de la population toute entière, à commencer par les mouvements de résistance populaire.
Au détour des stands de drones en démonstration, on peut assister à des simulations grandeur nature d’interventions d’unités de police militarisées, spécialité de la France qui exporte ses techniques de contre-insurrection et propose des formations aux forces répressives du monde entier.
Alors que son génocide colonial se poursuit, Israël fait partie du top 10 des pays qui exposent à Milipol, avec 37 stands annoncés. Que leurs produits soient utilisés pour ficher, contrôler, enfermer, blesser ou tuer, par la police ou l’armée, toutes les entreprises israéliennes exposantes sont liées de près ou de loin à l’infrastructure coloniale et génocidaire qui opprime le peuple palestinien. Il faut dire qu’Israël a fait de ces technologies répressives sa spécialité, et exporte à la fois son idéologie et ses équipements vers d’autres régimes qui les utilisent contre leur propre population, des polices militaires en Amérique latine à la vidéosurveillance algorithmique déployée dans les villes françaises.
Au fil des années, Milipol est devenue une marque française d’envergure internationale. 1 116 exposants, 30 084 visiteurs professionnels de 160 pays, 175 délégations officielles de 60 pays… Sous couvert de « sûreté et sécurité », c’est bien un salon mondial de la guerre intérieure qui s’organise près de Paris tous les deux ans, et qui continue de s’exporter, avec des spin-off au Qatar, en Inde ou à Singapour. La guerre contre les peuples est internationale, notre riposte doit l’être aussi.
Milipol illustre aussi les liaisons incestueuses entre la sécurité d’État et l’industrie de l’armement. Civipol est une société anonyme dont le capital est contrôlée à 40% par le ministère de l’Intérieur et à 60% par des multinationales de la « sécurité » (Thales, Airbus Defence&Space et Idemia), tandis que que la marque Milipol est détenue par un groupement d’intérêt (GIE) dont font partie l’inévitable Thales et deux autres acteurs privés, Visiom et Protecop.
Civipol joue également un rôle de « conseil » pour refourguer les technologies de ses actionnaires privés. En 2020, un rapport d’ONG* a révélé que des fonds de l’UE destinés à « la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière » ont servi à Civipol pour installer au Sénégal, en Côte d’Ivoire ou au Mali des systèmes d’identification biométriques.
L’explosion des budgets militaires au détriment des services publics sert les intérêts des industriels de la guerre, des frontières, de la surveillance, des prisons et de la répression, réunis tranquillement à Milipol, aux portes de Paris.
Si nous sommes pour eux les ennemis intérieurs, nous affirmons aussi comme Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht en 1915 que nos ennemis principaux sont les dirigeants fauteurs de guerre, dans notre propre pays !
Guerre à la répression ! Guerre à la guerre !

